France : Notre-Dame de Bétharram, un enfer. France Info a recueilli les témoignages terrifiants d’anciens élèves
Par La rédactionPublié le
L'enquête en cours sur les violences physiques et sexuelles perpétrées à Notre-Dame de Bétharram, un collège-lycée catholique situé dans les Pyrénées-Atlantiques, resurgit avec force grâce aux témoignages poignants recueillis par France Info. Les récits d'anciens élèves, victimes d'abus durant plusieurs décennies, évoquent un environnement quotidien de terreur et de souffrance, des années 1950 aux années 2000.
Olivier, âgé aujourd'hui de 78 ans, est l'un des premiers et plus anciens plaignants à se manifester. Il est arrivé à Bétharram en 1955, alors âgé de seulement 8 ans. Son témoignage commence dès son premier jour, illustrant l'accueil brutal auquel il a été confronté : « Je suis arrivé un soir. Je me suis assis et j'ai dit bonjour au garçon qui était à côté de moi. Et à ce moment-là, le pion est arrivé derrière moi [...] et m'a jeté dans la caisse à papier. C'était 'bienvenue à Bétharram. »
Olivier décrit un climat de violence extrême où les punitions corporelles étaient monnaie courante et d'une sévérité disproportionnée. Il se rappelle notamment un incident où il fut sévèrement battu pour avoir simplement laissé tomber une bille : « J'ai pris des coups de pied dans le ventre, dans la tête, partout ! Parce qu'une bille était tombée ! »
« Le dernier cercle de l'enfer »
L'horreur de Bétharram ne s'est pas arrêtée avec Olivier. Dans les années 1980, Manu, 52 ans actuellement, a également connu cet environnement oppressant. Envoyé à Bétharram en septembre 1985 alors qu'il était en difficulté scolaire, il espérait trouver un sanctuaire d'apprentissage et de bienveillance. Il découvre rapidement qu'il n'en est rien. « Dès la première semaine, il y avait des violences physiques partout, » rapporte-t-il.
Pour Manu, ces expériences ont laissé de profondes séquelles, influençant sa confiance en lui et ses relations ultérieures : « J'ai perdu confiance en moi, raconte Manu. Ils nous ont matés, ils nous ont brisés. » Aujourd'hui, Manu espère que la justice poursuivra ces abus afin de prévenir de futures atrocités.
Les violences ont persisté jusqu'à la fin des années 2000. Adrien, scolarisé de 2003 à 2005, témoigne de sévices subis en 2004, à la fois de la part des autorités religieuses et d'autres élèves, des victimes devenues bourreaux. Le jeune homme évoque des situations de harcèlement et d'agressions sexuelles, perpétrées notamment dans les sanitaires de l'établissement : « On m'enfermait dans les toilettes et me violaient". L'épreuve est si traumatisante qu'il décrit Bétharram comme « le dernier cercle de l'enfer ».
L'enquête actuelle résulte d'années de recueil de dizaines de témoignages similaires. Trois hommes sont actuellement en garde à vue pour répondre des accusations de viols aggravés, d'agressions sexuelles et/ou de violences aggravées. Ces premières mises en cause surviennent après un an d'investigations, qui ont débuté suite à une centaine de plaintes. Alors que la justice fait enfin un premier pas, les victimes, comme Olivier, voient en ce jour une lueur d'espoir : « Il va falloir que ces hommes répondent de leurs actes », déclare-t-il avec détermination.
Ces témoignages poignants, rapportés par France Info, mettent en lumière un système de violence institutionnelle profondément enraciné, dont les conséquences perdurent dans la vie de ceux qui l'ont subi. Ils soulignent l'importance cruciale de faire la lumière sur ces actes pour enclencher une véritable justice et éviter que de telles atrocités ne se reproduisent.